SAMEDI 15 - DIMANCHE 16 MARS 1997
La Terre de Feu est loin de l'Europe et avant même de penser au Cap Horn, il faut arriver jusqu'à Ushuaia.
Après une transat par avion, c'est l'arrivée à Rio Gallegos. Aéroport désert, décor Bagdad Café, poussière, vent, désert....Les militaires en plus. Le
vol pour Ushuaia n'est pas vraiment attendu et sur l'aéroport tout est
progressivement fermé. Les conditions atmosphériques sur la Terre de
Feu seraient en plus difficiles. Enfin, après 3 heures d'attente, et
après avoir envisagé de passer la nuit dans une ville ou le Guide du
Routard précise qu'il n'y a rien - mais vraiment rien - à voir nous
décollons vers Ushuaia, non sans un peu d'appréhension.
Je découvre mes compagnons de voyage, la plupart français, embarqués pour Croisières Australes ou GNGL, les deux sociétés de charter présentes en Terre de Feu. Yonne, une équipière de Valhalla a déjà fait une transat et la Mer Rouge, un comité d'entreprise embarquant sur Fernande…
Nous survolons le détroit de Magellan, et les champs pétrolifères de Rio Grande. L'approche d'Ushuaia
s'effectue en slalomant entre des sommets enneigés. Sensations
garanties. Arrivée à l'ancien aéroport où nous découvrons le troisième
équipier, Javier, basque de Bilbao. Des taxis déboulent en trombe sur un chemin poussiéreux et nous conduisent vers le Club Nautico, tout en passant devant le monument en hommage aux soldats argentins morts aux Malouines.
Nous faisons connaissance avec l'équipage de Valhalla. Pascal, skipper, Bernadette, sa femme, Alexandra une équipière travaillant à bord et Pierre le dernier équipier de cette croisière. Valhalla est une goélette de 20 mètres, en acier, très sécurisant et vaste, construite par son skipper.
L'ARCHIPEL DES ECLAIREURS
LUNDI 17 MARS
Le
lendemain après une brève visite de la ville, et l'achat de produits
en free taxe, payables en dollars, nous quittons le quai vers 11 h 30 direction Puerto Williams coté chilien pour les formalités.
Rangement du bateau, le vent est faible, nous sommes au moteur sous grand voile et misaine. Pascal me propose la barre. Nous faisons halte dans l'Archipel des Eclaireurs où vit une colonie d'otaries, de lions de mer et d'oiseaux, sternes, cormorans. Nous sommes bientôt rejoints par Fernande. De drôles de canards essaient piteusement de s'envoler. Vainement. Ils avancent très rapidement en actionnant leurs ailes comme des rames et soulèvent à chaque fois une gerbe d'eau. D'où leur surnom de canards vapeur.
De
grandes algues laminaires indiquent la profondeur. Elles ne poussent
plus au delà de quinze mètres et constituent un très bon repère pour la
navigation.
Nous traversons le canal Beagle en direction de Puerto Williams, port chilien pour y accomplir les formalités d'entrée puisque nous allons naviguer deux semaines dans les eaux chiliennes.
PUERTO WILLIAMS - PORT CHILIEN
Puerto Williams
revendique sa position de port le plus sud du continent. Les formalités
sont un vrai folklore. D'abord l'immigration. On installe une table
sur le pont, on prépare le café, le haut personnage s'installe et un à
un tamponne nos passeports non sans nous avoir longuement dévisagé et
posé quelques questions. Ensuite c'est la douane et l'armée. Nous
sommes ici en zone militaire.
Visite
du village et quelques emplettes, en particulier du Pisco, alcool fort
de raisin qui agrémenté de sucre, de citron et de blanc d'oeuf
constitue l'apéritif courant sur les bateaux ici, le piscosur. Valhalla est à couple du Micalvi, vieux bateau du Rhin, échoué ici au début du siècle dernier, et où est installé le Club Nautico. On y trouve des douches chaudes et Paola y sert des piscosurs autour de la cheminée.
Les
équipages des différents voiliers, charters, scientifiques ou
navigateurs se retrouvent ici et forment une petite communauté très
chaleureuse